Présentation

Artiste peintre autodidacte qui, s’il faut absolument cataloguer, pourrait être assimilé à un maniériste visionnaire.
Sa technique s’apparente à l’école hollandaise. Il pratique l’art délicat du glacis et possède une maîtrise toute singulière de la lumière et de la couleur.
Son œuvre est totalement imaginaire. Elle plonge dans les archétypes de l’inconscient collectif. Elle nous gratifie d’une vision lucide sur l’existence aussi lumineuse qu’insoutenable.
« Ma peinture est un constat de l’état des âmes et de la situation des esprits. »
Puis il ajoute : « Mais elle est aussi un passe-temps parfaitement réussi puisque ce temps qui m’est imparti, elle en dispose à plein temps ! » Il répugne à se prendre au sérieux et reste très secret sur l’analyse de son œuvre. « Les fleurs ne rêvent pas de finir dans un vase ! » Aime-t-il à dire. « Ce sont le sang et les urines qu’on analyse !... »
Il dit aussi : « Tout système me rebute ! » « Chaque fois que je me retrouve devant une toile vierge, j’ai l’impression de revivre le premier matin du monde… Je ne sais encore rien et le reste je l’ai oublié !... » Et de citer Paul Valéry : « Le sentiment d’être tout et l’évidence de n’être rien. »
« Je ne sens rien de stable. Tout est en mouvement. Qu’une idée se fige et la putréfaction la gagne. » Il en sera ainsi de tous les chefs-d’œuvre qui peuplent la terre. On ne fait que dessiner sur le sable pour nourrir la mer et la voracité de ses vagues…
« Tout aboutissement est une impasse dans la vie comme dans l’art. » E.Cioran
« Bien que je sois un ermite qui connaît l’horaire des trains. » (Forain) « Je trouve dans la solitude de quoi peupler mon imaginaire et l’audace de frayer avec l’illimité. C’est justement en lui contant fleurette que j’ai remarqué, fortuitement, qu’en me plaçant hors des préjugés, c'est-à-dire en sortant de ma tour pour découvrir les fleurs de la prairie que, comme des papillons, des tas d’idées non préconçues se sont posées sur la corolle de mon cerveau. Ces idées viennent d’elles-mêmes sans que ma volonté y soit pour quelque chose. C’est une sensation bouleversante. Un baume magique sur la plaie existentielle qui me ronge ! »
Ses goûts, ses influences ? Ecoutons-le : « L’inspiration qui touche à l’essentiel n’a pas d’époque. Les problèmes que la vie posait à Socrate sont les mêmes que ceux qu’elle nous pose aujourd’hui. Une œuvre quelle qu’elle soit est le résultat de tout un passé auquel nous sommes pieds et poings liés, la conjonction d’influences éducatives, sociologiques et héréditaires. Nous traînons dans notre coquille de gastéropode, tous les sortilèges et les infamies de nos ancêtres. Le silex et la massue font toujours partie de notre bagage culturel. Bien des pneus et nombres de nos compagnes peuvent en témoigner… Toute œuvre est marquée du sceau de sa propre condition. »
« Il y a si peu de nous dans ce que nous faisons, nous devons tant aux autres que si, parmi eux, il me fallait dénoncer les principaux acteurs responsables de mon orientation, pour peu qu’on me torture, je risque de réciter une longue liste à jamais exhaustive.
Si je devais raconter, comment je fus bouleversé devant le retable d’Issenheim où Grünewald exprima toute la douleur humaine sur le visage de la vierge et toute la compassion dont l’homme est capable sur celui de saint Jean, comment je compris la cécité du monde à Capodimonte en regardant la parabole des aveugles de Bruegel, comment le portrait que Rembrandt fit de lui à soixante-trois ans, me renvoya au naufrage de la vieillesse, pourquoi la lumière de Georges de la Tour illumine mes nuits et pourquoi le tragique de la peinture de Bacon raisonne si fort en moi, je n’en finirais pas !...
Toutefois, je ne peux faire l’impasse sur celle qui m’a donné l’envie de prendre un pinceau pour m’exprimer, Leonor Fini. Celle qui disait de ses toiles qu’elles étaient une soumission à l’inconscient qui est la seule liberté possible ! Celle qui peignit l’enroulement du silence, Héliodora, Vesper Express, Ea, Hécate, la perle, les aveugles, Voyageurs en repos, les carcans, Voyage sans amarre, Escarpolette, Au hasard des vents profonds et les quatre somnambules à l’âge de 87 ans… Que d’enfants nous a-t-elle laissé, elle qui répugnait instinctivement à la maternité physique.
Son œuvre trouva immédiatement un écho dans la structure de mon moi. Ce désir en suspens accroché au cœur du mystère. Cette unification de la vie et de la mort, de l’horreur et du sublime. Cette nécessité viscérale d’absolu, de pousser les choses toujours plus loin, de brouiller la morale hiérarchisante, femme, homme, animal, végétal, minéral. Certains ont voulu la présenter comme une sorcière maléfique. Pensez, une femme souverainement autonome, hors de leur plate-bande, hors de leur institution, ne se laissant enfermer dans aucun mouvement, ça dérange. Je ne pouvais qu’être séduit !... Je le fus et le reste ! »